(commencé au printemps 2018, complété en mai 2019)
I. Les grandes lignes…
« Quels points communs existe-t-il entre un cheval et un bébé ? », me diriez-vous… Beaucoup plus que vous ne le pensez… Plein ! Absolument plein !!!
Déjà, un cheval, comme un bébé, ne parle pas. Certes, un cheval ne pleure pas quand il souffre ou quand les conditions lui sont inconfortables, mais il manifeste son mal-être de différentes manières. A son propriétaire et/ou soigneur de savoir décoder les signes qu’il lui envoie. Pour un bébé, c’est pareil. C’est son langage corporel qui parle à sa place. Au parent de décoder.
Cela fait des années, des décennies même, que je m’occupe et soigne des animaux. Je les comprends car j’ai un décodeur plutôt instinctif, hypersensible et désormais bien rôdé.
Avec Kolina, j’ai compris plus de choses qu’avec tous ses prédécesseurs, notamment qu’un cheval saisit ce qu’on lui dit et ressent toutes nos émotions. Il ne sait ni s’en protéger, ni répondre pour dire qu’il a compris ou, au contraire, qu’il a besoin d’explications supplémentaires.
Ces nouvelles données ont modifié ma relation aux chevaux et m’ont fait m’y prendre tout différemment avec Duende qu’avec Kolina. J’ai suivi mon intuition et ma philosophie : « Si tu veux le bien, apporte le bien. Si tu veux qu’on te fasse confiance, inspire la sécurité. »
Avec Duende, j’ai agi avec douceur et amour depuis sa naissance. Jamais de contrainte non expliquée, jamais de violence. Mais un cadre, des limites, ça oui. Et toujours des encouragements et des câlins, du renforcement positif.
Avec Angelo, je fais pareil. De l’amour, de la compréhension. Un maximum d’émotions positives, même si je ne suis pas « wonderwoman » et que parfois je suis fatiguée, épuisée, même.
Jean-luc m’aide beaucoup, car il est lui-même, naturellement, dans cette attitude positive. Il est heureux et le reste, jour après jour.
C’est lui, par exemple, qui m’a dit de continuer à sourire et à plaisanter avec Angelo quand celui-ci fait le « boutête » ou commence à pleurer. Si on le plaint, si on est inquiet de le voir changer d’humeur, en fait, on l’inquiète et on le conforte dans son inconfort, son stress, son mal-être. Si, au contraire, on le bombarde d’énergie positive quand son humeur vacille, très souvent il reprend le sourire, par mimétisme, peut-être, par contagion aussi.
C’est exactement comme quand, avec un cheval, on aborde des endroits stressants. Si on est cool, sûr de soi, enjoué, plein de bonne énergie, on arrive souvent à vaincre les réticences du cheval peureux. Si on anticipe, au contraire, sa peur et son stress, on le fait stresser encore plus, car il se dit qu’il a raison d’avoir peur…
C’est ce côté rassurant affectivement qui est semblable dans mon rôle de « maman équine » et de « maman humaine ». Donner un maximum de sécurité affective à l’être dont on est responsable. Cela lui donne confiance en lui et le rend capable d’avancer plus facilement sur le chemin de sa vie, sans crainte. La confiance en soi vient de la confiance qu’on a dans ses parents, je pense. Les premiers êtres qui s’occupent de nous.« Ceux qui nous élèvent sont ceux qui nous élèvent. » Jeu de mot qui vient de la chanson de Calogero : «Fondamental ».
Fondamental
Calogero
« On a tous
Une chanson d’Souchon qui nous traîne
Un vieux col roulé qui nous gène
Une rentrée, une odeur de trousse
Dans nos souvenirs, on a tous
Toutes ces choses qui durent et qui tiennent
Un vieux poster de Saint-Étienne
Des mots qui nous ont démolis
Des « je préfère qu’on reste amis »
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse
Et qui font de nous un édifice
On a tous au fond du mental
Toutes ces choses fondamentales
Toutes ces personnes nées dans le passé
Qui nous poussent et qui nous font pousser
Cachées là au fond du mental
Ce sont les choses fondamentales
On a tous
Une bonne odeur de tarte aux pommes
Une chanson super en automne
Un vieux couloir qui fout la frousse
Dans nos souvenirs, on a tous
Une amoureuse en collégienne
Des prénoms qui soudain reviennent
Devant des vielles photos d’élèves
Ce qui nous a élevé nous élève
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse
Et qui font de nous un édifice
On a tous au fond du mental
Toutes ces choses fondamentales
Toutes ces personnes nées dans le passé
Qui nous poussent et qui nous font pousser
Cachées là au fond du mental
Ce sont les choses fondamentales
Si un jour je me désaccorde
Même perdu, déboussolé
Je ferai résonner la corde
La note sur laquelle j’ai poussé
Toutes ces pierres sur lesquelles on se hisse
Et qui font de nous un édifice
On a tous au fond du mental
Toutes ces choses fondamentales
Toutes ces personnes nées dans le passé
Qui nous poussent et qui nous font pousser
Cachées là au fond du mental
Ce sont les choses fondamentales
On a tous
Toutes ces choses fondamentales »
(Titre : Fondamental
Date de sortie : 2017)
Ainsi mon comportement de mère est venu tout de suite, quasiment. J’ai juste fait comme avec les chevaux. Finalement, je suis maman depuis Maestoso, depuis avril 2004. J’ai eu 14 années d’entraînement ! Les chevaux m’ont vraiment appris bien des choses dans la vie…
2. Comment communiquer ?
Je ne lis ni de livres, ni magasines sur l’éducation. Je ne veux pas que trop de théories extérieures viennent coloniser mon mental et ma raison. Depuis qu’Angelo est conçu, je cherche moi-même les réponses aux questions que je me pose auprès des sources qui me semblent les plus adaptées à notre cas. Et lorsque des personnes me conseillent, je ne prends que ce qui me va.
Mais la plupart des réponses, je les trouve en moi, dans mon cœur. C’est là qu’il me parle le mieux pour l’instant, mon petit ange, mon bébé d’amour. Même si un jour (de plus en plus proche !), il parlera avec des mots compréhensibles !
Pour l’instant, il a cela en commun avec les animaux et les chevaux que je peux lui parler, mais que je ne peux recevoir que des réponses codées : des comportements, du langage corporel, des émotions, des sons très simples. (Petite exception en ce qui concerne Angelo, il exprime de plus en plus de syllabes et de mots, qu’il apprend en répétant et dont il intègre, petit à petit la signification.) Tout cela ne se décode pas par la connaissance rationnelle, le mental pur. C’est plus profond, plus intime. C’est dans le cœur que j’entends ce qu’il me dit (ce qu’ils me disent). Et ça, personne ne peut me l’apprendre.
Ceux qui me l’ont appris, en réalité, ce sont mes chevaux. D’abord Kolina qui m’a obligée à l’écouter vraiment, en me bouchant les oreilles à toute le reste, et à ne me fier qu’à mon intuition et aux ressentis qu’elle m’insufflait. Je lui dois tellement. C’est mon alter ego. Elle est rentrée dans ma vie pour me faire progresser sur le chemin de mon cœur.
Duende, qui fut mon premier prototype d’enfant, a conforté mes apprentissages. Il me prouva véritablement qu’en commençant dès le départ par cette méthode du cœur, les résultats sont surprenants. L’enfant se développe admirablement bien, en étant exceptionnellement doué et heureux. N’est-ce pas ce que chaque parent souhaite pour son enfant ? Parvenir à l’élever dans le bonheur, à le comprendre, le valoriser, dans un cadre sécurisant, rassurant, qui l’élève et qui s’adapte à lui, à ses besoins, à son caractère.
Merci, mes chevaux, de m’avoir appris le « métier » de Maman qui ne s’apprend nul part.
3. Être maman : aimer, rassurer, cadrer
1ère année de Maman
J’ai déjà parlé du rôle de leader que j’ai auprès de mes chevaux et que j’ai eu d’emblée avec mon enfant. Un leader bienveillant, câlin, rassurant.
Ça, c’était la maman jusqu’à ce qu’Angelo fête son premier anniversaire. Mon rôle se limitait surtout à lui assurer en plus d’un bien-être matériel, un réel bien être psychologique et une sécurité affective. Il peut compter sur moi dans toutes les circonstance, et à tout moment.
Je suis son anti-stress, qui rassure, console, câline comme je le fais depuis toujours avec mes chevaux. Notamment avec Duende, que j’ai eu bébé et qui a été élevé sous une pluie de câlins et une sécurité affective dont je retire les bénéfices chaque jour. C’est un « poney » d’une douceur et d’une gentillesse exceptionnelles. Il ne connait pas la violence, ni les contraintes.
Mais là, je vous entends venir tout de suite. « On ne peut pas élever un enfant sans contraintes, sous peine d’en faire un enfant roi, il lui faut des limites ! Etc » J’entends cela parfaitement. C’est pour cette raison que j’en viens à ma deuxième partie : à partie de 1 an commence l’éducation, qui complète le maternage simple.
2ème année de Maman
Tout comme un cheval, en plus d’une sécurité affective, un enfant a besoin de limites, d’un cadre, d’une éducation. Il doit savoir ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. Sinon, c’est non seulement l’anarchie, mais cela représente un véritable danger vital pour l’enfant, tout comme pour ses parents, de la même manière qu’un cheval non éduqué est un vrai danger tant pour lui que pour l’entourage.
Avec mes chevaux, j’ai toujours appliqué la maxime : « une main de fer dans un gant de velours ». Le respect doit être réciproque, ce n’est pas négociable.
Exemples
KOLINA
Quand elle s’impatiente lorsque je la panse et la selle, elle se met à faire des aller-retours au bout de sa longe, que je sois sur son passage ou pas. Inadmissible. Je me fâche, je la gronde, en « gueulant » un bon coup s’il le faut ! En général, elle s’immobilise, vexée et baisse la tête, comme si elle avait honte. Alors je la rassure et la félicite.
De même, quand elle bougeait les pieds, à l’époque, lorsque je les curais, les limais ou les graissais. Avec ses 650 kg, je vous laisse imaginer les dommages pour mon dos lorsqu’elle se débattait et voulait reposer le pied avant que l’y autorise. Je montais la voix. Depuis, elle le fait de moins en moins. Elle me respecte.
Et pendant la grossesse, elle s’est transformée en agneau et en statue pour que je puisse lui faire les pieds en toute sécurité et sans me fatiguer.
DUENDE
Une fois débourré, tout en douceur, il n’avait aucune crainte du tapis et de la selle. Pourtant, plusieurs mois et années après, parfois, quand j’approche avec le tapis, il recule. Or comme je le selle souvent en liberté dans la carrière, il est évidemment en position de force. Je dois lui rappeler les règles. Le tapis ça ne fait ni peur, ni mal. J’ai décidé de le mettre, j’utilise toutes les précautions et attentions pour le mettre. Un « Non ! » ferme suffit en général à stopper sa marche arrière. Il se rappelle que ça, il n’a pas le droit !
Dans son apprentissage, je ne l’ai jamais forcé, ce qui ne signifie pas qu’on ne progresse pas. Lorsque je lui propose un nouvel exercice, soit il le fait d’emblée, et super bien, auquel cas, je le félicite généreusement et passe au suivant, soit il refuse. Ce n’est jamais un caprice car il ne sait pas ce qu’est un caprice. Etant donné ma façon de procéder avec lui, avec le « happy learning », nous ne sommes jamais en conflit et en confrontation. Donc s’il refuse, ce n’est pas par esprit d’opposition, c’est parce qu’il n’est pas prêt. Je n’insiste pas, mais renouvelle ma proposition une semaine ou un mois plus tard. Alors soit il est prêt et le fait nickel, soit il ne peut toujours pas.
Mais il n’est pour autant pas en retard. Au contraire ! Depuis qu’il a 4 ans, je le monte à cru sans rien (ni licol, ni filet, ni cordelette) en carrière aux trois allures, plus l’arrêt et le reculé. Je sors en balade dehors seule avec lui, en main depuis ses 9 mois, monté depuis son débourrage à 3 ans. Il me témoigne une confiance et un respect inimaginables.
LE LIEN AVEC MON FILS, ANGELO
Je ne le force jamais, je lui propose et attends sa réaction
Pour la marche, par exemple, bien qu’il avançait debout avec son trotteur et en se tenant aux meubles dès ses 11 mois, il ne fut pas prêt pour marcher seul avant ses 13 mois. Nous avons essayé de lui montrer, en lui tenant les mains, qu’il pouvait marcher sans avoir d’appui devant lui. Il se remettait immédiatement à 4 pattes. Nous n’insistions pas, mais nous lui reproposions régulièrement. Un jour, il fut prêt et en eut envie tout seul. Il se mit à marcher, super bien, avec énergie et enthousiasme. Le temps qui avait passé avant de se lancer seul, lui avait permit d’acquérir assurance et sécurité. Il a toujours mis les mains quand il tombait en avant ou en arrière, ce qui lui a permis de marcher sans se faire mal et, du coup, sans jamais se sentir en danger.
Je pose des limites, un cadre, avec des interdits indiscutables
Par sécurité (vitale ou simplement d’hygiène, pour lui comme pour les autres), il y a des interdits. Ne pas recracher la nourriture qu’il a dans la bouche, ni la jeter par terre. Ne pas mordre, ni pincer, ni tirer les cheveux. Ne pas enlever un pansement ou sa casquette en plein soleil, ni ses chaussures ! Ne pas ouvrir les tiroirs de la cuisine, pas plus que toucher les poubelles (et encore moins les vider de leur contenu !).
Ce n’est pas négociable. Et s’il pleure quand on dit « Non ! », tant pis. C’est comme ça. C’est nous qui mettons les règles parce que nous sommes des adultes responsables de sa sécurité, comme de la notre. Petit à petit, il comprend qu’il ne peut pas, même s’il retente souvent la chose interdite pour se convaincre de la solidité de nos « portails oraux ».
Interdit aux bébés
J’vais vous raconter c’qui m’est arrivé
La première fois qu’je suis sorti de mon parc en bois
A la découverte de l’appartement,
Mon premier univers d’enfant.
J’ai d’abord marché à pied
Sur quatre pieds, les yeux rivés
Sur un cheval mécanique
Qui était dans ma chambre à coucher,
Et comme tout se passait bien,
J’ai voulu m’avancer plus loin
Mais quand j’ai pris l’escalier,
Une voix très forte a crié
« Pas dans l’escalier, interdit aux bébés! »
« Pas sur le palier, interdit aux bébés! »
« Sors de la cuisine, interdit aux bébés! »
« Touche pas la télé, interdit aux bébés! »
Et comme tout c’qui brille, c’est pas pour les bébés,
Mais dites-moi ce qui reste aux bébés?
On a beau nous adorer,
Nous chouchouter, nous dorloter,
On n’a pas une heure à soi.
On est sans arrêt surveillé
Et quand on nous laisse enfin,
Il faut dormir jusqu’au lendemain
Mais si jamais dans la nuit
On pousse un cri, c’est reparti
« On ne peut pas rêver, interdit aux bébés! »
« On ne peut pas s’lever, interdit aux bébés! »
« On ne peut pas boire seul, interdit aux bébés! »
« On ne peut rien manger, interdit aux bébés! »
Et comme tout c’qui est bon, c’est pas pour les bébés,
Mais dites-moi ce qui reste aux bébés?
« Pas dans l’escalier, interdit aux bébés! »
« Pas sur le palier, interdit aux bébés! »
« Sors de la cuisine, interdit aux bébés! »
« Touche pas la télé, interdit aux bébés! »
Et comme tout c’qui brille, c’est pas pour les bébés,
Mais dites-moi ce qui reste aux bébés?
Paroliers : Jacques Abel Jules Revaud / Michel Charles Sardou
Paroles de Interdit aux bébés © Universal Music Publishing Group
Je lui apprends à ne pas faire mal, ni à se faire mal, d’ailleurs.
Les chevaux, comme les enfants, ne savent pas de façon innée ce qui peut faire mal à autrui, pas plus que ce qui peut leur faire mal à eux-même. C’est au gardien/parent de leur apprendre. En cela, mon expérience des chevaux a encore une fois été très utile.
Un cheval mordille et bouscule pour jouer. Il faut lui faire comprendre qu’on n’accepte pas ces pratiques, que pour nous ce n’est pas un jeu. Comme cela, il cesse rapidement de le faire. Par contre, si on ne réagit pas et qu’on le laisse faire, il intègre que c’est normal et admis et continue, souvent en accentuant ses comportements.
Un enfant, c’est pareil. Il ne sait pas que mordre, griffer, bousculer, tirer les cheveux fait mal à l’autre. Il faut le lui interdire d’emblée. Quitte à être mordu en retour quand il mord afin qu’il ressente que ça fait mal ! Il intègre ainsi que ce n’est pas admis.
Quant à se faire mal lui-même, là encore, il faut protéger l’animal et l’enfant de son inconscience et de sa méconnaissance du danger. En la matière, mieux vaut prévenir que guérir. C’est au gardien/parent de sécuriser l’environnement, l’espace, les objets qui entourent le cheval/ enfant. Trou, piquets, fils de fer, etc, pour un cheval. Escalier, tiroir, casseroles, etc, pour un enfant.
Il faut sécuriser les lieux dans lesquels il évolue, jusqu’à ce que la sécurité soit suffisamment intégrée par l’enfant/ cheval, pour qu’il se montre réellement prudent, en confiance et à l’écoute, et ne risque plus de se blesser. C’est ça l’éducation. Permettre de faire entrer la sécurité, les règles de sécurité dans la conscience de l’enfant/ cheval… Cela prend du temps. Cela peut être rapide comme interminable. Tout dépend du lien de confiance, de l’écoute, entre l’ « apprenant » et l’ « éducateur »…
4. Il n’y a pas de caprices
Une fois que l’on connait son cheval ou son enfant, les caprices sont rarissimes. Si le comportement de l’enfant ou du cheval ne sont pas comme d’habitude, c’est que quelque chose ne va pas. Je lis actuellement, plutôt par curiosité, mais également par intérêt pour une philosophie que je sais proche de la mienne, un livre de Maria Montessori qui explique très bien ce qui se cache derrière ce que les adultes prennent pour des caprices… Je ne le développerai pas ici, car je veux laisser parler mon cœur et non les théories de professionnels, aussi sensées soient-elles.
Exemples chez Angelo :
S’il ne veut pas manger ou dormir alors que le rituel est bien suivi, c’est que quelque chose le perturbe. Il peut s’agir des dents qui font mal, de la couche qui est pleine, de la fièvre qui est arrivée subitement… Ce n’est jamais un caprice. Donc je ne me fâche plus, ou le moins possible. Je cherche d’abord à comprendre, à trouver la source de la perturbation. Et plus les mois passent, plus je trouve facilement. Cela n’est jamais un trait de mauvais caractère.
Parfois, il est soudain ronchon sans cause. On découvre alors qu’il a 39 de fièvre. Certaines fois, il ne peut pas s’endormir, et fait la java dans son lit. En fait, il vient de faire un gros caca, qu’il n’avait pas encore lorsqu’on l’a couché. En février 2019, Angelo a eu du mal à manger plusieurs semaines durant. Il gardait dans la bouche, pleurait beaucoup. Nous ne comprenions pas du tout ce qui lui arrivait, lui qui a d’habitude un appétit d’ogre. On a fini par découvrir que ses pré-molaires du haut perçaient alors que nous ne nous y attendions pas ! La liste serait encore longue…
Exemples chez les chevaux :
Il m’est arrivé que Duende ne veuille pas du tout ouvrir la bouche pour mettre le filet, et même qu’il se fâche si j’insiste, alors que c’est contraire à son habitude. En cherchant un peu, je découvrais alors qu’il avait une dent ou deux qui bougeaient et étaient en train de tomber (ce qui arrive régulièrement chez les chevaux entre deux et cinq ans).
Toujours avec Duende, les premières années, il s’arrêtait très souvent en pleine balade, sans ce que comprenne pourquoi sur le coup. En l’observant bien et en décryptant son langage corporel, je réalisais alors qu’il avait vu ou entendu quelque chose au loin que je n’avais pas remarqué et qui l’intriguait. Il avait besoin de comprendre de quoi il s’agissait, puis d’être rassuré, réconforté, avant de repartir de son pas vaillant. Il en est de même dans les passages difficiles en extérieur, que ce soit avec Kolina ou Duende.
Je pourrai aussi citer l’exemple du van. C’est souvent long et compliqué de faire monter Duende ou Kolina dans le van. S’énerver et les forcer ne résout rien. Il est normal pour un cheval que la perspective de se retrouver bloqué dans un espace aussi étroit sans possibilité de fuir ou de faire demi-tout l’angoisse. Le cheval a besoin de nous faire totalement confiance et d’être rassuré abondamment pour accepter cette énorme contrainte à la fois psychologique et physique. Un cheval qui ne veut pas monter dans le van n’est pas un cheval capricieux, c’est un cheval extrêmement angoissé.
5. Encore d’autres comparaisons...
Donner un médicament
Quand Angelo ne veut pas prendre en bouche la pipette de doliprane, car il est trop énervé de douleur (dent, colique, varicelle, etc) comment faire ? Comme avec les chevaux ! Je mets un doigts dans la bouche entre les gencives, là où il n’y a pas encore de dents et j’écarte les mâchoires… Je mets la pipette sur le côté de la bouche, j’appuie sur le poussoir, afin que le liquide coule dans la joue. Angelo avale alors petit à petit, sans risquer de s’étouffer avec un liquide qui arriverait trop vite d’un coup dans la gorge. J’ai toujours fait comme ça avec les chevaux, notamment pour le vermifuge ! Du coup, pour Angelo, je ne me suis même pas posé la question !
Couper les ongles
Là, je m’inspire à la fois des lapins, cobayes que des chevaux. Quand je prenais la main d’Angelo pour lui couper les ongles, jusqu’à ses 16 mois environ, il détestait que je l’immobilise de la sorte. Ça le stressait et l’énervait ! Je lui expliquais alors que s’il bougeait, non seulement je risquais de lui faire mal, mais qu’en plus que ça allait durer beaucoup plus longtemps (ce que j’ai toujours expliqué aussi à Duende et Kolina, ainsi qu’à mes rongeurs, lorsqu’ils gigotaient et s’impatientaient, quand je leur tenais le pied ou la patte). Après chaque doigt (comme après chaque pied pour un cheval), je félicitais Angelo, pour l’encourager et pour qu’il continue à être sage jusqu’au bout. Je renforçais mes mimiques positives, mes sourires, mes encouragement, avec un ton de voix très enthousiaste !
Habiller/ seller
Habiller un bébé qui gigote et se débat et seller un cheval qui essaie d’esquiver : même combat ! Inutile de s’énerver et de chercher à contraindre, de forcer… Sinon on arrive à un véritable combat. Le cheval tire au renard et s’enfuit. L’enfant se met à hurler de rage ! Alors, comment faire pour arriver quand même suivre les mouvements ? Avec un cheval, comme avec un enfant, je suis toujours le même rituel, je sais que c’est rassurant. Il sait ainsi quand est le début et anticipe le déroulement du processus qu’il trouve si désagréable et contraignant. Je ne perds jamais perdre de vu mon objectif, malgré la déconcentration et le gigotage de la bestiole !!!