MON EXPERIENCE DE L’ALLAITEMENT
PARTIE I : allaitement exclusif (de la naissance à 6 mois)
(premiers temps, don au lactarium, grève du sein)
(Merci à Angelika, ma maman et à Laure, ma sage-femme,
de m’avoir encouragée sans relâche dans cette voie)
I. Les premiers temps
Avant l’accouchement
Pendant ma grossesse mes seins étaient énormes (du moins c’est ce que je trouvais). J’avais pris deux tailles de bonnet (de B à D), plus aucun soutien gorge ne m’allait. Je pestais car au cours de ces premiers mois de grossesse, je n’avais pas les inconvénients d’un ventre de femme enceinte, mais ceux d’une bimbo à forte poitrine ! Je me souviens pouvoir faire du cheval sans aucun problème « ventral ». Par contre je devais me tenir les seins de peur qu’ils ne se décrochent ! J’avais surtout cette sensation au trot ! Je disais souvent à mon conjoint, qu’étant donnée la gêne qu’ils m’occasionnaient, j’espérais au moins qu’ils produiraient du lait !
Mon point de vue
Ma position concernant l’alimentation de mon bébé était claire, évidente, la question ne se posait même pas. J’étais un mammifère, j’avais des « mamelles » qui étaient faites pour allaiter. J’allais nourrir mon enfant comme toutes les femelles mammifères depuis la nuit des temps. Comme presque toutes les femmes du monde aussi…
Je ne me suis pas demandé s’il était possible que je n’ai pas de lait. Mon corps était fait pour ça. Pour combien de temps, ça, je verrais bien… Cela ne m’inquiétait pas.
Autant je m’étais fait du souci pour le passage d’Angelo dans mon bassin, autant pour lui donner le sein, je ne m’en faisais aucun. J’avais cependant vu des vlogs de mères allaitantes expliquant que c’était beaucoup plus douloureux que ce qu’elles avaient imaginé. Surtout la montée de lait ! Puis les crevasses et les pics de croissance… Mais je me disais que c’était l’alimentation la meilleure pour Angelo. Ma mère nous avait allaités tous les trois, jamais nous avions eu un seul biberon. J’y arriverai aussi. Point.
Première tétée…
Cela ne s’est pas vraiment déroulé comme je l’avais imaginé… Angelo et moi avions été séparés une bonne heure à la naissance suite à la césarienne. Du coup, c’est Papa qui a fait le premier peau à peau. Quand on me l’a mis dans les bras, j’étais groggy, dans un autre monde, je planais… On venait de m’injecter de fortes doses d’anesthésiants et de m’ouvrir le ventre au scalpel pour qu’Angelo puisse enfin voir le jour. La poche des eaux était rompue depuis presque 24 heures…
En quittant les bras de son papa pour ceux de l’infirmière, il a pleuré. Dès que je l’ai eu dans mes bras et qu’il a entendu ma voix, senti mes mains, des sensations si familières…, il a cessé de pleurer. Je l’ai mis au sein. Le gauche. Il l’a pris et s’est mis à téter. Le lait coulait, naturellement. Il le tétait, tout aussi naturellement.
Montée de lait
La première semaine à la clinique fut juste un calvaire en ce qui concerne mes seins. La montée de lait… Un nom qui cache une réalité plus animale, douloureuse et juste ENORME ! 36 heures environ après l’accouchement et la première tétée (de colostrum), mes seins ont changé, brusquement, violemment même, MONSTRUEUSEMENT ! Ils se sont mis à grossir, grossir, comme si on les gonflait de l’intérieur. Ils étaient chauds, brûlants, lourds, douloureux, et, je me répète, monstrueux ! Ils ont tout bonnement doublé de volume. Je n’avais aucun soutien gorge à leur taille. Même les bonnets D achetés depuis le début de la grossesse, ne couvraient qu’une infime partie de leur surface et ne soutenaient plus rien du tout ! Et je ne supportais aucun contact sur eux. Les tétons (quels tétons ???) étaient hyper-hypersensibles. Le moindre effleurement d’un tissu était une torture. Les tétons avaient disparu tant la tension qui s’exerçait sur eux était énorme. La peau se décollait entre les seins, sous les bras… Impossible d’allaiter, Angelo ne pouvait pas prendre le sein dans sa bouche. Plus de téton, plus d’embout ! On a dû me mettre des bouts de sein en silicone afin que je puisse lui donner à manger.
Il a été parfait, un vrai petit guerrier. Il a tété le plastique sans se poser de question. Dessous, le téton parvenait à se reformer sous la succion et le lait arrivait sans problème. Pourtant, on m’a dit plus tard que c’était plus fatiguant pour les bébés de téter avec un bout de sein qu’avec le téton directement et que les bébés trop faibles peinaient à se nourrir. Angelo commençait déjà à nous montrer son côté combatif.
Premiers jours
La semaine à la maternité s’est déroulée ainsi. C’est moi qui ai demandé à rester deux jours de plus, afin que mes seins deviennent plus gérables. Le personnel médical se contredisait. Certains voulaient que je tire un peu de lait au tire-lait afin de dégorger mes seins et d’éviter une congestion, et pour soulager ma douleur, aussi ! D’autres disaient que les seins répondaient à la demande par l’offre. Ainsi, si je tirais en plus des tétées du petit, ils produiraient plus encore. Difficile de savoir ce qui était le mieux dans mon cas… Finalement, je n’eus pas droit au tire-lait et que je dû attendre que ça passe.
Je restais le plus clair de mon temps assise dans le lit, avec un short, des bas de contentions (obligatoires à cause de l’opération) et une serviette de bain sur les seins (vu qu’aucun soutien-gorge ni débardeur ne m’allait ) ! Il faisait si chaud dans la maternité (26° nuit et jour) que ne supportais même pas un pyjama ou une chemise de nuit amples.
La tétée, en elle-même, ne me faisait pas mal. Au contraire. Elle me soulageait. Et j’aimais ce petit chatouillement qu’elle provoquait. Souvent, je le sentais, alors que j’étais entre la veille et le sommeil, semi-assise, le coussin d’allaitement sur le ventre, Angelo dessus, mes bras l’enlaçant, le protégeant, le sentant, le sécurisant. J’appris à dormir avec lui à mon sein. Avec ce tout petit titillement de sa bouche, de sa langue, autour de mon téton, à travers le plastique du bout de sein.
Ça peut faire rire, mais ça me faisait penser aux sensations que procurent le préservatif par rapport à une relation directe entre deux corps. Nous n’avions pas le choix, c’était un besoin vital… Et c’était une étape temporaire 🙂
Une fois à la maison, Laure, la sage-femme, conseillère en allaitement, me fit enlever les bouts de sein. Mes tétons étaient de nouveau visibles, même si mes seins étaient toujours énormes (juste un peu moins peut-être que le jour de la montée de lait). Angelo se fit très bien à ce nouveau système d’alimentation. Il s’adapte, ce petit, quel amour <3
Séjour à l’hôpital (pyélonéphrite…)
On s’en serait passé, c’est sûr. Mais l’allaitement minimisa de beaucoup les séquelles qu’aurait pu avoir notre Titounet. Au niveau purement physiologique, il a pris presqu’un kilo au cours de ses douze jours d’hospitalisation. Presque 100 g par jour ! Le lait maternel, du fait de sa digestibilité, de son adaptation parfaite à l’enfant, de sa richesse en anticorps, lui a permis de lutter physiquement contre les effets secondaires des antibiotiques (problèmes digestifs notamment) et tout le stress des soins quotidiens. La souche bactérienne l’ayant contaminé était particulièrement virulente (E. coli), elle nécessita des antibiotiques très, très forts…
Psychologiquement, je suis certaine aussi que l’allaitement lui a permis de rester zen comme il l’a toujours été. Ce contact charnel, toutes les deux ou trois heures en moyenne, avec Maman, le rassurait. Il tétait, au chaud, le nez contre ma peau et auprès de cette odeur si familière et rassurante. Puis il s’endormait sur le coussin d’allaitement. Je le gardais souvent une demi-heure ou une heure comme ça, après les tétées. Il était bien. Rassuré. Serein. Heureux même, j’en étais certaine.
Sa relation avec moi continuait quasi normalement. Je ne quittais jamais la chambre, afin de lui garantir une sécurité affective et d’amoindrir les effets des manipulations qu’on lui faisait plusieurs fois par jour et qui l’obligeaient notamment à sortir brusquement du sommeil. Prise de la température, de la tension, pesée, auscultation par un pédiatre, par un interne, par un infirmier, par une puéricultrice, mise en place de la perfusion d’antibios (toutes les huit heures), mise en place du rinçage de la perfusion, fin du rinçage de perfusion… etc.
L’allaitement, un lien unique, privilégié… et contraignant
Je voulais allaiter car, pour moi, c’est le prolongement logique de la grossesse. Dans mon ventre, Angelo était alimenté par le cordon et mon sang. Une fois dehors, je continuais à le nourrir avec ma substance, via le lait.
C’était le mieux pour lui, physiquement, physiologiquement, mais aussi psychologiquement et affectivement. Se lover tout contre mon sein et littéralement « me manger », lui permettait de retrouver des sensations et une sécurité proche de son nid utérin.
Mais c’était mieux pour moi aussi ! Physiquement ET psychologiquement.
Physiquement car mes seins ne demandaient que ça. La glande mammaire généreuse n’avait de cesse que de produire de quoi alimenter mon bébé. Et l’allaitement permettait de remettre en place rapidement l’utérus. Régulièrement, pendant les tétées, je sentais mon utérus se contracter : c’est ce qu’il lui fallait pour reprendre petit à petit sa taille. Il récupère beaucoup plus vite quand on allaite, c’est prévu pour.
Et puis j’avais une faim et un métabolisme incroyables ! Je devais manger deux fois plus que pendant la grossesse. Dès que je ne mangeais pas assez, j’étais à deux doigts du malaise. Je pouvais manger non seulement ce qui était strictement interdit pendant la grossesse (notamment la mousse au chocolat et le Saint-Nectaire fermier !), mais aussi ce que je ne parvenais plus à manger du fait des remontées acides qui suivaient inéluctablement certaines prises alimentaires (sucres rapides et aliments un peu « lourds », notamment). Je crois que je n’ai jamais mangé autant, par vraie faim et donc besoin (et non par gourmandise et simple envie). J’avais toujours chaud, comme pendant la grossesse (moi qui était pourtant une grande frileuse). Je digérais bizarrement, mais surtout très vite. Mon transit avait pris le TGV depuis l’accouchement !
Psychologiquement, c’était un moment unique, de fusion avec Angelo. Je le collais tout contre mon ventre, lui caressant la tête avec une main, le dos et les fesses avec l’autre. Les sensations me rappelaient celles de la grossesse, quand je caressais mon ventre, ou plutôt que je le caressais à travers cette peau qui nous séparait encore.
Lorsque je l’allaite, on a besoin d’être seuls tous les deux, dans un espace coupé du reste du monde (sinon il est déconcentré et tète moins bien). On est connecté tous les deux, physiquement mais aussi mentalement et affectivement. Je pense que ça lui rappelle l’ambiance utérine, vraiment. Il ferme les yeux, palpe ma peau et gobe goulument la demie sphère chaude, réconfortante, d’où coule ce sirop sucré, seul aliment qu’il connaisse (mis à part le liquide amniotique).
Douleur ?
Je connus quand même pendant plusieurs semaines des douleurs au niveau des tétons. Merci les antibiotiques, qui ont déréglé la flore intestinale de Titounet et ont laissé s’y installer une mycose ! Mycose qui lui a mis les fesses en sang et qui est remontée jusqu’à dans sa bouche. Cette dernière étant constamment collée à mon téton, mon téton droit finit par être contaminé. Et comment vous dire ? Un téton mycosé ça fait juste très très mal, surtout quand il est pressé maintes fois par jour, lors des tétées. Au moment où Angelo prenait me sein et commençait à appuyer sur le téton et à aspirer, j’avais juste l’impression qu’on m’écrasait des bouts de verre contre la tendre muqueuse… Mais ça faisait moins mal que la succion du tire-lait. Du coup, pendant plusieurs jours, 15 jours ou trois semaines, je ne sais plus bien, j’ai tiré à gauche pendant que je faisais téter Angelo à droite.
Lorsque la mycose fut guérie des deux côtés, les tétons restèrent sensibles. La muqueuse sollicitée, usée, presque, si fréquemment chaque jour, sans pause, était constamment inflammée. Très rouge et hypersensible. Me laver était compliqué, il ne fallait pas toucher les tétons avec le gant de toilette, ni, après, avec le peignoir de bain. Vive la lanoline ! (une super crème hydratante pour tétons que le bébé peut absorber sans aucun risque. A base de graisse de laine de mouton !!! Si, si, je vous assure!)
Il fallut attendre trois mois bien tassés pour que rougeur et sensibilité excessives passent et que mes tétons redeviennent simplement rosés.
II. Donner au lactarium
La motivation
Lors de mon séjour à l’hôpital, j’ai vu plusieurs affiches et documents sur le don de lait au lactarium de Montpellier. Cela me donnait très envie. Les prématurés ne digèrent bien que le lait maternel. Le lait en poudre maternisé leur donne de grosses coliques (avec risque de mort). En fait, seul le lait maternel contient les anticorps protégeant leur intestin et permettant d’y développer un flore bactérienne saine, non pathogène.
Les mamans de prématurés ne peuvent pas forcément donner leur lait. Souvent, elles n’en ont pas parce qu’elles n’ont pas pu le tirer tout de suite à la naissance. Soit on ne les a pas mises dans les conditions pour que ça soit possible, soit elles étaient trop stressées par l’accouchement anormal et le lait n’est pas venu… Alors que faire ? Faire appel à des dons de lait du lactarium.
Le projet
J’ai voulu attendre d’être sûre d’avoir assez de lait pour Angelo une fois faite la reprise du travail. J’ai entendu le témoignage de plusieurs femmes qui allaitaient et qui, retravaillant, n’ont soudain plus eu de lait. La fatigue, le stress… Mais surtout l’espacement de la demande !
La glande mammaire suit la règle de l’offre et de la demande. Plus on lui demande souvent, plus elle donne. Il fallait absolument que je puisse tirer dans la journée et non pas seulement le matin et le soir. Et même les jours de travail continu…
La sage-femme, conseillère en lactation, me proposa comme solution de tirer le lait chez un élève et de mettre le lait dans un glacière jusqu’à mon retour le soir. Je trouvais d’abord cette idée surréaliste ! En fin de printemps, début d’été, transporter du lait (si fragile, si précieux) dans une glacière, dans une voiture qui peut être soumise à des températures très élevées ? C’était jouer avec le feu. Et si des bactéries pathogènes se développaient dans le lait et rendaient Angelo malade ?
Finalement, quand je repris vraiment le travail, après réflexion et discussion avec des parents compréhensifs et sympathiques, j’ai opté pour cette solution. Le mercredi et le samedi, je comptais une demi-heure avant ou après le cours chez des élèves qui me prêtaient leur salle de bain, pour tirer le lait. Les semaines passèrent…
Le lait continuait à être produit. Un bon litre par jour en tout (en comptant les tétées en direct).
Parfois une baisse se faisait sentir. Je me reposais, buvais beaucoup et ne me décourageais pas. Je savais que si je demandais, mon corps répondrait.
Après, c’est vrai que même si la glande agit de façon mécanique en fonction de sa stimulation, elle est énormément influencée par le psychisme. Des stress peuvent bloquer la production, par exemple. C’est pour cela que même lors de baisses, je restais positive et convaincue au fond de moi que je pourrai nourrir Angelo avec mon lait exclusif jusqu’à ses six mois minimum, comme je le souhaitais. En fait, si je le souhaitais vraiment, mon corps suivrait. Je ne devais laisser AUCUNE PLACE AU DOUTE.
Et j’eus raison de rester confiante. La machine continua sa production.
Lorsque je changeais mon rythme journalier (voyage, jour férié, etc…) ou passais des nuits presque blanches (à cause d’Angelo), les conséquences se faisaient immédiatement sentir. Seins mous. Comme un homme qui n’arrive plus à bander ! C’est flippant, je vous jure ! Les premières fois, surtout. Paniquant ! Je regardais des vidéos, des articles sur la façon de booster la lactation. Stimuler, stimuler, stimuler, tirer, tirer, tirer, boire, boire, boire. L’ovomaltine, fortement concentrée en malt, et les tisanes d’allaitement aux fenouil constituèrent des boissons quotidiennes. Entre ½ litre et 1 litre de chaque par jour. Et des jus de fruits. Et de l’eau, de l’eau, de l’eau. Au moins deux bouteilles dans la journée. La nuit, j’éclusais autant que le jour. Environ 5 litres de boisson quotidienne…
Je m’obligeais parfois aussi à me poser. Donner le sein ou tirer le lait, ça fout un coup de pompe terrible, une envie de dormir irrépressible. C’est hormonal (merci ocytocine !) et tout à fait normal. Alors il me fallait compter un peu de temps juste après, pour récupérer, autant faire se peut…
La réalisation
Une fois la reprise du travail effectuée, je pris mon rythme, semaine après semaine : tétées, traites, travail, cheval, autres rendez-vous extérieurs. Je savais ce qui engendrait des baisses de production et comment y remédier dans les 48-72 heures. J’étais prête pour le don.
On m’envoya un colis avec des petits flacons stériles de 130 mL chacun. Non sans m’avoir soumise au préalable à un questionnaire médical en bonne et due forme, digne d’un interrogatoire de police. Avais-je eu des greffes d’organes, telle ou telle maladie ? Avais-je voyagé dans tel ou tel tel pays, en telle ou telle année ? Etc. Evidemment aussi : est-ce que je fumais, buvais de l’alcool ou suivais un traitement médical ?
Comme pendant la grossesse, j’avais 20/20 à mon interrogatoire. Ma candidature fut acceptée. Cependant une prise de sang avant la première collecte à domicile devait valider mon état sanitaire. Soit.
J’avais décidé. Ce n’était pas les lourdeurs administratives et sanitaires (tout à fait compréhensibles) qui allaient m’arrêter. Si j’étais moi-même une maman en attente de don de lait, je souhaiterais que toutes le mesures soient prises pour m’assurer que le lait que recevrait mon bébé soit sain.
Je devais faire si possible 15 flacons par collecte mensuelle. Je décidais de faire le double ; un par jour. Il fallait stériliser le matériel, ce que je ne faisais pas lors d’une traite ordinaire. Le but : minimiser à tout prix le risque de contamination bactérienne.
La bénédiction
Je suis motivée à bloc car je me rend compte que j’ai de l’or dans les mains (enfin, je veux dire dans les seins !). C’est sans doute la seule fois dans ma vie que j’ai la chance de produire cet élixir si précieux. Je dois en faire le meilleur usage possible. Tout comme Angelo, je ne considère pas que ce lait m’appartient. On me l’a donné, confié. C’est une responsabilité. Je dois me montrer digne, à la hauteur.
III. La grève du sein !
J’ai commencé à tirer mon lait pour le lactarium le dimanche 20 mai. Et c’est vrai que je n’en ai pas parlé à Angelo. Acte manqué ? Je ne sais pas, cela ne m’est pas venu à l’esprit, en fait.
Nous étions si fatigués par les réveils nocturnes d’Angelo, sa toux, son nez bouché, sa régurgitation (qui durait depuis plus d’un mois) que je faisais vraiment le minimum vital. J’étais inquiète : justement alors que j’avais décidé de donner au lactarium, je connus une baisse de lactation, causée par une fatigue intense, un manque de sommeil extrême… Mais j’avais décidé, alors j’allais le faire. Je ne suis pas du genre à renoncer au dernier moment !
Première semaine de don du lait : baisse de production, trop de biberons ?
(Les journées commencent à 00H dans mon récit)
Mardi 22 mai Cette baisse temporaire de lactation m’obligea à donner un biberon cette nuit là. J’avais tiré mon lait après la tétée de 19h. Angelo se réveilla à 2h, très énervé. Il téta, mais ne se rendormit pas, alors que je tentais de le calmer pendant une heure. Je dus demander à mon conjoint de prendre le relais. Il prépara un biberon… J’avais les seins vides, ils étaient tout mous. C’était sans doute pour ça qu’Angelo ne pouvait pas se rendormir… Son papa le nourrit et le rendormit…
Le matin, je lui ai donné la fin du biberon moi-même à 7h30 pour ne pas le perdre. Mon conjoint devait se préparer pour partir… Le soir, c’est Papa qui donna son biberon de 19h et il s’endormit ensuite sans avoir besoin du sein.
Parenthèse : depuis que mon conjoint est là le soir et que je rentre du travail après le biberon de 18h30-19h, souvent Angelo m’attend ou se réveille à mon retour pour téter avant de s’endormir pour de bon. Il a besoin de ce moment de retrouvailles du soir (et moi aussi). Le 15 mai encore c’est ce qui arriva. 18h15 biberon avec Papa, juste en rentrant à la maison, puis sein à 21h30 au retour de Maman.
Mercredi 23 mai : tétées sans problème à 1h et 8h.
Le soir, j’ai fini de donner le biberon que mon conjoint avait commencé à 20h, avant de tirer mon lait.
Jeudi 24 mai : tétée dans la nuit et à 8h. Je le mis au sein, plus tard, dans la voiture entre deux rendez-vous car j’avais peur qu’il ne tienne pas jusqu’au retour. Il prit peu, comme à 8h.
Au retour de mes rendez-vous, à 14h je fus obligée de lui faire un gros bibi. Je venais de tirer mon lait avant de partir travailler et pensais qu’Angelo tiendrait jusqu’à chez la nounou… Eh ben, loupé ! Il réclama une bonne demi-heure avant notre départ. Il prit son dernier biberon de la journée chez la nounou.
Vendredi 25 mai: à 4h et 8h, il téta bien. Le reste des repas, ce furent 2 biberons avec la nounou et 1 avec Papa.
Samedi 26 mai : tétée à 4h. Le matin, biberon avec Papa, parce que j’étais déjà partie au travail. La journée, biberons avec Papa. Le soir il téta à 20 h à mon retour.
Deuxième semaine de don du lait : les prémisses de la grève et la recherche de solutions ?
La nuit du samedi 26 au dimanche 27, il se réveilla presque toutes les heures. Il toussait, avait le nez pris, malgré les nettoyages avant chaque repas. Mon conjoint partit même en pleine nuit faire le tour du quartier en poussette pour le calmer, tant il n’y avait rien à faire pour qu’il dorme ! A 4h, tétée normale. Le matin à 8h, il téta très peu.
Je lui ai reproposé à 9h30, il fit une grosse grosse tétée et se rendormit au sein, épuisé par sa nuit presque blanche. J’étais trop crevée pour aller voir les chevaux, au point que je suis restée vautrée dans le canapé jusqu’à 17h (ce qui ne m’arrive que si je suis complètement « zombiesque » ). Du coup j’ai pu le refaire téter à 13h30, mais il n’a pris qu’un peu. Idem à 14h15, puis à 17h. Mais mon conjoint dût lui refaire un biberon à 17h30, car il avait vraiment trop faim et moi sans doute pas assez de lait ?
À 21h30, retétée, mais très peu, au point que Papa lui fit un nouveau biberon à 22h et qu’il ne s’endormit qu’à minuit. Il n’était pas bien du tout toute la journée. Râleur, grognon, les yeux rouges et gonflés de fatigue… Il toussait et régurgitait beaucoup, nous étions inquiets…
Lundi 28 mai : Il fit sa nuit jusqu’à 8h30 ! Épuisé de son dimanche son réelle sieste. Le matin, il ne voulut pas le sein. Je lui fis un biberon, pas le choix. Mon conjoint était déjà parti…
Idem le soir à 21h, il refusait le sein. Après-midi terrible, d’après la nounou. Il pleurait, toussait, était épuisé, hyper grognon. Elle ne le reconnaissait tellement pas, qu’elle nous conseilla de voir un médecin, de peur qu’il ait une douleur que nous n’arrivions pas à localiser et analyser. Il n’avait pas de fièvre et toujours de l’appétit. Mais on ne savait jamais… Chat échaudé… (Lors de sa pyélonéphrite nous n’avions décelé aucun symptôme réel, seul un pic de fièvre et un changement de comportement nous alertèrent. C’est la sage-femme, Laure, qui nous conseilla vivement d’aller aux urgences pédiatriques. Angelo n’avait que dix jours…)
Nous avons pris rendez-vous avec notre généraliste, le docteur Jourdain, pour le jeudi, aucun pédiatre n’étant disponible avant. Ce soir-là, comme j’avais le temps, j’insistai pour qu’Angelo prenne le sein. J’avais du lait, il avait faim, j’avais le temps. Où était le problème ? Mystère… Je résistais une heure durant. Je le baladais, le posais, le changeais de position. Je me suis dis que sa régurgitation rendait probablement la position couchée pénible et lui brûlait l’oesophage. J’ai essayé la tétée à califourchon sur ma cuisse, le buste vertical. Mon conjoint m’aida même à le tenir pour qu’il puisse téter verticalement. Rien à faire ! Crise de nerf !!! On a fini au biberon à presque 23h…
Mardi 29 mai : 5h il téta…mais à 9h, obligée de faire un biberon, il refusait le sein. Le soir biberon avec Papa, avant que je rentre.
Laëticia (la nounou) me demanda alors si j’avais expliqué à Angelo que je tirais du lait pour le lactarium… Que peut-être cela pouvait le perturber. Les enfants ressentent tellement de choses… Je fus d’abord sidérée par cette proposition. Mais en y réfléchissant, je la trouvais tout à fait pertinente. Kolina (ma jument) n’était-elle pas perturbée que j’aie Duende (mon poulain) et que je lui en parle jamais ? Et n’avait-elle pas sentie que je partais en vacances, sans que je lui dise, au point de s’en rendre malade, me forçant à rentrer au plus vite… ?
Mercredi 30 mai : 5h tétée. Je lui ai parlé, dans un demi sommeil. Je lui ai dit que je donnais mon lait à des petits bébés qui en avaient besoin. Des bébés qui étaient à l’hôpital, comme lui l’avait été aussi. Des bébés plus petits et plus fragiles encore, dont la maman n’avait pas de lait… Mais je le rassurais aussi, lui expliquant que mon sein et mon lait étaient pour lui en priorité. Que je donnais que ce qu’il y avait en plus. Et que si je n’en avais pas assez, j’arrêterais de donner à d’autres bébés.
Je repensais au stress que j’avais eu juste après ma décision de donner au lactarium, lorsque je manquais de lait, d’un coup… Lorsque je m’étais posé la question du bien fondé de ma décision. Angelo devait rester à tout prix ma priorité. Mais allais-je y arriver? Angelo avait-il ressenti ce doute mêlé de culpabilité… ? Je ne peux pas le certifier, mais le supposer, certainement…
Il prit trois biberons avec la nounou dans la journée. Et le soir, il téta à mon retour à 20h30 ! Quel bonheur !!! Avait-il compris mes paroles nocturnes ? Qui sait.. ?
Jeudi 31 mai : dans la nuit, 2 tétées, 2h et 6h. J’étais épuisée, mais heureuse ! Angelo semblait reprendre du service ! Mais à midi, impossible de lui faire prendre le sein cependant. Je dus faire un biberon.
Le soir, le Docteur nous dit qu’il ne sifflait plus des poumons. Ouf. ! Mais il était possible qu’il fasse de la « RGO » interne (régurgitation gastro-oesophagienne interne, qui irrite l’oesophage et le fragilise). Pour lui, pas besoin de « gaviscon », cet anti-acide prescrit au trois mois d’Angelo par la pédiatre, sans une once d’explications. On le prescrit uniquement si les régurgitations font perdre du poids à l’enfant. Heu… Angelo est toujours bien potelé, pas de souci. (Il faisait 8 kg à 4 mois, alors qu’à la naissance c’était un bébé standard de 3 kg). Le soir, tétée de nouveau 🙂
J’avais pris rendez-vous entre temps avec Laure, la sage femme conseillère en lactation, la professionnelle la mieux placée pour m’aider à sortir de cette grève du sein…diurne !
Vendredi 1 juin : Première nuit sans le couffin, dans son lit de grand bébé ! Il fit sa nuit jusqu’à 7h pile et téta. Mais à 11h, je dus faire un biberon, car Monsieur n’avait pas envie de téter ! Il avait faim, mais dès que je lui présentais le sein, il détournait la tête et se mettait à pleurer. Si j’insistais, il hurlait de plus en plus fort, et se contorsionnait de plus belle.
A 14h, rendez-vous avec Laure. Je lui explique mon problème… Elle n’a jamais vu ce type de grève ! Intermittente ! Lorsqu’un bébé décide de cesser de téter, c’est tout le temps, jour et nuit. Et c’est malheureusement définitif. Je lui raconte le problème de régurgitation, de ronflement après les repas. La bronchite, la laryngite, successives…
Elle pense qu’il y a trop de différence entre le débit du biberon et celui de mon sein. Et qu’Angelo mange trop vite et donc trop. Le fait de téter rend la succion très efficace. Si le biberon a un gros trou, le débit et très rapide et facile pour lui. Il faut qu’on lui remette un trou plus petit. Il prendra plus de temps, mangera plus doucement, mais du coup un peu moins. Ce sera plus proche du débit du sein.
D’autre part, je ne dois pas donner le biberon dans la mesure du possible, quand le papa est là notamment. Dans la tête d’Angelo cela doit être clair : « Maman = sein », pas « Maman = biberon ». Par contre, nous devons surveiller qu’une fois un peu rationné, il prenne quand même de nouveau du poids et ait sa dose de lait sur 24h, ce qui le poussera sans doute à rapprocher les repas de nouveau.
Je repartis du rendez-vous rassurée et certaine que nous allions avoir du mieux. A la fois une baisse des régurgitations et de ses effets secondaires néfastes pour lui. Et un « solutionnement » de la grève du sein !
Pour ce qui est du « gaviscon », d’après la sage-femme, il serait mieux, pour Angelo de lui en donner. En effet, les remontées acides lui irritent l’oesophage, ce qui est très désagréable. J’ai connu ça pendant la fin de ma grossesse. Je décidais d’attendre une semaine de mise en place de notre nouveau protocole et ensuite de peut-être lui en donner, au maximum une fois par jour (et non après chaque repas comme le veut la posologie), si jamais les remontées gênantes se poursuivaient malgré tout.
L’après midi, Laëticia, la nounou, amorça le nouveau protocole… Elle remplaça la tétine de taille 2 contre l’ancienne de taille 1. Angelo se mit à hurler lorsqu’il constata que la tétine ne coulait pas aussi vite que d’habitude. Elle lui fit un câlin et plein de bisous pour le calmer. Puis elle lui expliqua, en le regardant droit dans les yeux, qu’elle comprenait qu’il soit en colère, qu’elle le serait aussi à sa place. Mais qu’il fallait que ça coule moins vite pour qu’il tousse et ronfle moins et pour qu’il ait moins mal après les repas. Et aussi pour qu’il retète Maman comme avant. Il reprit le biberon et le termina en maugréant mais sans pleurer… Avait-il compris ? Le soir bibi avec Papa (tétine trou 1 sans aucun problème) et dodo.
Samedi 2 juin : pas de nouvelle nuit, malheureusement pour nous, lol. Il ne faut pas rêver ! On a eu 4 ou 5 nuits sans tétée nocturne depuis sa naissance, waouhhh, c’est déjà le Pérou ! Tétée à 5h… Je lui expliquai à mon tour pourquoi on avait dû changer un peu le biberon. Je lui dis bien aussi que j’avais arrêté quelques jours de donner au lactarium pour faire de nouveau des réserves que pour lui. Et je lui répétai plusieurs fois qu’il valait mieux téter le sein directement car le lait était meilleur pour lui, c’était du lait tout neuf, tout frais, fait exprès pour lui… Il retéta à 9h ! Yes !
Au salon du livre d’Amélie-les-bains, où nous avons passé la journée tous les deux, il ne voulut pas téter, mais cela ne m’étonna pas vraiment. Un autre cadre, du monde, du bruit, ça le perturbait forcément. J’avais prévu et amené deux bibis, avec chauffe biberon et tire-lait… Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué ? N’est-ce pas mon petit ange ! Quand nous sommes rentrés, nous étions cuits tous les deux… Cramés même ! On est allé dormir et lui a carrément commencé sa nuit à 19h sans manger depuis 16h.
3ème semaine de don de lait : levée du piquet de grève ?
Dimanche 3 juin : tétée à minuit (on s’en doutait, vu qu’il avait loupé le repas du soir), mais je n’avais pas assez de lait car j’avais fini de tirer le lait à 22h. Il s’est endormi au sein après une tétée d’une durée normale. Mais dès que je l’ai bougé pour le coucher, il était super réveillé et impossible de le endormir. Encore affamé le type ! Du coup on a fait un petit biberon et le papa s’y est collé. Mais il a mis une heure pour le rendormir…
Le matin, tétée à 7h passé, mais pas longtemps. Il en a laissé pas mal, comme j’ai pu le constater au tire-lait après. Du coup petit biberon avec papa à 9h passé…
A 13h, la dalle après un bon dodo dans son lit de grand. J’ai tenté la tétée dans le lit de sa chambre, comme d’habitude. Et…il téta bien ! Une victoire, première tétée en journée depuis une semaine ! Je lui dis que c’était super bien, que j’étais très contente qu’il tète comme ça. Plusieurs fois, pendant la tétée, il se décrochait, et me regardait en souriant, le lait lui coulant de la bouche. Je luis disais que j’étais fière de lui et qu’il pouvait continuer. Et hop, il se rebranchait, poursuivant vaillamment sa tâche la plus importante pour grandir et devenir un petit garçon fort et costaud. J’étais heureuse, une première victoire.
Même si à 15h, il était de nouveau mort de faim ! Comme j’avais tiré le lait après sa tétée, je n’avais plus rien. Biberon avec papa, un gros, ce coup-ci. 200 mL ne suffirent pas. Il rattrapait son retard de hier soir et cette nuit. Rien d’anormal…
A 21h, après un gros dodo, il réclama. Je retentais le sein, dans sa chambre, dans le calme et l’obscurité. Il téta un bon quart d’heure, se décrochant par moment un instant pour me regarder. Cherchait-il l’approbation ? Un encouragement… ?
Ce jour là, j’avais recommencé à donner le lait au lactarium et décidais de le faire un jour sur deux seulement et plus tous les jours comme au début.
Lundi 4 juin : tétée à 4h, 8h et 11h. Un biberon chez la nounou. Le soir, Papa le fit patienter. Il téta juste à mon retour à 20h. Mais après une tétée normale, avec beaucoup de gesticulation quand même, il se décrocha et se mit à hurler. Je suspectais un mal de ventre. On le promena pour le bercer, voir si ça passait. Impossible de l’endormir. Par contre il ne pleurait plus. Il avait encore faim. On prépara un biberon de 100 mL qu’il descendit à la 6-4-2. Il réclama encore au moment où il se mit à aspirer de l’air dans a tétine vide ! On refit 80 mL. On mit du temps à essayer de l’endormir ensuite. Ça dura une bonne demi-heure avant qu’il tombe enfin vers 22h…
Mardi 5 juin : il fit sa nuit ! Entre la tétée et le biberon, il avait dû s’envoyer au moins 250 mL, si ce n’est pas 350 la veille au soir. Il téta un peu après son réveil à 7h30. Dans la journée, il fut avec la nounou de 10h à 19h, donc biberon à midi et à 16h. Le soir, je rentrais tard, ce fut le papa qui donna le biberon à 19h. Il s’endormit au bout de 160 mL. Se réveillant un peu plus tard il reréclama, se mit 100 mL, et s’endormit pour de bon, la tétine du biberon dans la bouche (ce qui n’est pas son habitude).
J’avais tiré mon lait pour le lactarium à midi.
Mercredi 6 juin. Il fit sa nuit ! Du coup, lorsqu’il se réveilla vers 7h30, je ne l’avais pas vu réveillé depuis presque 24h ! J’ai tenté le sein. Impossible. Grosse crise de nerf… Bon, alors bibi. Obligée de lui préparer moi, le papa était déjà parti. Comme je devais tirer mon lait (mes seins ressemblant à des obus depuis la veille au soir), je l’installais et lui mis les mains sur le biberon. Pour bien caler la bouteille, j’ajoutais la grosse peluche-cheval sur son ventre ! Le biberon était alors suffisamment incliné et maintenu pour qu’Angelo puisse le boire entièrement seul, ses deux mains ne servant qu’à le stabiliser un peu !
Deux biberons avec nounou, un avec Papa. Il dormait quand je suis rentrée… Je lui fit une caresse sur la tête pour lui dire que j’étais rentrée, il bougea dans son sommeil comme pour me répondre qu’il m’avait entendu…
Jeudi 7 juin : tétée à 5h15 nickel, sauf qu’il ne s’est pas rendormi après… 8h30 il réclama à manger mais refusa le sein ! Biberon avec moi, pas le choix, mais tenu par sa peluche.
Après-midi avec Papa car Nanou (la nounou) est en formation. Trois biberons du coup, et beaucoup de pleurs à partir de 19h. Lorsque je rentrai à 21h, mon conjoint n’en pouvait plus ! On finit par l’endormir 22h. Il était tellement épuisé de ne pas avoir fait ses siestes dans la journée qu’il en hurlait sans pouvoir se dire que le mieux était de dormir tout de suite !
J’ai tiré mon lait pour le lactarium à midi.
Vendredi 8 juin : TRÈVE DANS LA GRÈVE ! Tétée à 6h15 assez courte mais ok. Puis heu… Comment dire ? Il a tété chez l’homéopathe (15-20 min) et à 13h (25-30 min) à la maison ! Je crois que j’ai compris un truc ! Chez l’homéopathe, je me suis assise par terre dans un coin et je l’ai installé sur les jambes, à moitié assis comme il est toujours pour le biberon chez la nounou ou avec son papa. Assis, pas couché comme je fais toujours sur le coussin d’allaitement ! La nuit, il accepte d’être couché parce qu’il est fatigué et qu’il doit avoir compris que la nuit, on est allongé. Mais la journée, l’idée de téter allongé le saoule visiblement ! Il veut être assis, le type ! J’aurais dû y penser plus tôt ! Il a un rituel différent le jour et la nuit pour manger depuis qu’il prend la plupart de ses repas diurnes en biberons parce que je ne suis pas là. Moi je pensais qu’il avait un rituel « tétées » et un autre « biberons ». Mais non ! Tout faux Maman !
Laëticia (la nounou) a parlé de cette mystérieuse grève du sein à ses formateurs. Ils n’ont jamais vu un bébé qui faisait la grève par intermittence comme ça ! Ils lui ont dit de ne pas céder quand il refuse, de limiter au maximum les biberons de ma part et de suivre les rituels, c’est-à-dire de bien ritualiser les tétées. C’est en écoutant ces conseils que j’ai eu l’idée de changer ma façon de faire !
Chez l’homéopathe et ensuite à la maison, je me disais clairement : « Le biberon n’existe pas ! » J’étais bien décidée à ne pas céder.
Il était adorable à la maison ce midi. Il me regardait en tétant. Comme je le félicitais en souriant, il souriait aussi. Du coup, il lâchait le sein pour me péter un énorme sourire. Et à un moment, il fut pris d’un énorme fou-rire. Mais il téta une demi-heure de super bonne humeur. Je lui parlais, lui expliquant que j’étais très heureuse et fière de lui. Que mon lait était super bon pour lui, tout frais, tout chaud, juste fait pour ses besoins du jour.
La nounou pense que le fait que je sois décidée à ne pas céder a dû beaucoup aider et elle veut que je lui dise de sa part qu’elle est super fière de lui <3
L’après-midi et le soir biberons avec Papa. Laëticia est encore formation ce jour-là et mon conjoint a pris son après-midi comme la veille. Angelo fut adorable. Avec lui, les jours se succèdent et ne se ressemblent pas !
Samedi 9 juin : il a fait sa nuit ! C’est de plus en plus fréquent depuis qu’il est dans son lit, même s’il se réveille plusieurs fois en maugréant. On lui redonne son doudou et, si besoin, sa suçu et c’est reparti, il se rendort instantanément. Ce ne sont pas les mêmes réveils que lorsqu’il a faim. Dans ce dernier cas, impossible de le rendormir et il finit en pleurs si on ne vient pas le sortir du lit. Du coup, c’est le papa qui se lève lors de ces réveils express.
Et cette nuit, il m’a super bien écouté ! Je lui ai dit la veille au soir que demain on se levait plus tard, à 8h moins le quart ! Eh ben croyez moi ou pas, il a commencé à pleurer à 7h44 alors qu’il babillait dans son lit depuis 6h en se rendormant par intermittence.
On dirait vraiment qu’il comprend mes paroles. Hier midi, avant de repartir travailler, je lui avait dit de faire un gros dodo pour se reposer et être de bonne humeur. Et aussi pour laisser Papa se reposer. En partant à 14 heures, Angelo venait de s’endormir, je dis à mon conjoint : « Tu vas voir, il va dormir jusqu’à 16h30 ». Chez sa nounou, il dort souvent 2-3 heures en début d’après-midi. Il s’est réveillé à 16h25 ! Et son papa a pu faire une méga sieste récupératrice ! Il est top ce petit, vraiment !
Ce samedi matin, je le pris dans le lit de sa chambre et le fis téter à moitié assis. Grosses tétée de plus de 30 min. Mon sein passa de la forme « obus » à la forme « gant de toilette ». Il prit sa dose. Et il en laissa quand même encore un peu comme je pus constater au tire-lait une heure plus tard. Biberon avec Papa à midi (je travaillais). Retétée au goûter, qui dura presqu’une heure et au cours de laquelle nous nous endormîmes tous les deux ! Rebibi le soir avec Papa car j’étais à cheval. A 21h 30 quand je suis rentrée il dormait déjà.
4ème semaine de don de lait : on va dire que la grève est finie… ?
Dimanche 10 juin : il a fait sa nuit et a tété le matin, le midi. De même au goûter et le soir, étant donné que j’ai passé la journée complète avec lui et son papa. Il a cependant fallu un petit complément le soir (bibi avec Papa) car je n’avais pas assez de lait (je tire après chaque tétée et il faut le temps de « recharger »).
(…)
Semaine de rêve ! Il fait ses nuits, tète le matin au réveil et à midi si je suis là. Et il est de super humeur et en top forme ! Un amour de bébé…allaité ! <3
Vendredi 15 juin, le matin, prise de sang pour le lactarium.
La semaine suivante…
Lundi 18 mai, le matin, collecte du lait par une responsable du lactarium. J’ai rempli 20 flacons en 4 semaines… Et là, je fais une pause car j’ai à peine trois semaines d’avance (environ 60 sachets au congélateur), au lieu d’un mois et plus avant de donner au lactarium. Je vais essayer de recharger mes stocks avant de redonner. Cela tombe bien, le lactarium ne peut pas repasser avant août ou septembre.
Conclusion
Au cours de ses six premiers mois, malgré bien des embûches, mon fils a été exclusivement nourri avec mon lait. Je suis fière de nous deux ! Et je remercie toutes les personnes de la part desquelles j’ai reçu des conseils qui nous ont permis d’avancer.
Le premier objectif est atteint.
Quel sera le suivant ? Qu’Angelo ne reçoive que mon lait jusqu’à ce qu’il se nourrisse exclusivement d’autres aliments, donc jusqu’à son sevrage, vers un an… ? Rendez-vous donc dans quelques mois pour savoir si notre duo de choc relèvera son deuxième défi !