(écrit le 20 octobre 2018)
Quand j’attendais Angelo, de nombreux parents, presque menaçants, m’ont dit : « Tu verras, rien ne sera jamais plus comme avant. » « Un enfant, ça change la vie. »
J’y croyais, sans trop y croire. Mes passions demeureraient, résisteraient à l’arrivée d’un enfant, je le savais. Pour le reste, c’était l’inconnu… J’étais confiante en l’avenir et consciente qu’évidemment ma vie « ne serait plus jamais comme avant », tout simplement parce qu’avant j’étais juste une fille, puis une femme et que j’allais devenir maman, désormais… Un nouveau titre, pour un nouvel amour, de nouvelles responsabilités, une nouvelle vie.
Maintenant que je suis maman depuis 9 mois, un bilan s’impose. Alors ? Qu’y a-t-il de si différent ? Ma vie a-t-elle changé ?
Je pourrai résumer ma nouvelle vie par deux points : un sport de haut niveau et un voyage en terre inconnue.
Un sport de haut niveau
On vous parle souvent des nuits blanches des premiers mois… Ce n’est pas un mythe. Surtout quand vous passez une semaine, et pas trois jours, à la maternité, puis deux semaines à l’hôpital, à être dérangés toutes les deux heures, au mieux, de jour comme de nuit…
Et puis, le fait d’allaiter est une contrainte de plus pour la maman. Elle est seule à assurer, jour et nuit… Avec le tire-lait, même si de jour, quand le bébé est avec la nounou, elle est un peu plus libre, la nuit, c’est Maman qui s’y colle. Il faut bien entretenir la lactation !
Le manque de sommeil est une chose, l’hyperactivité et la sur-stimulation nerveuse et physique en sont autre chose. Porter bébé, changer ses couches, le bercer… On ne dirait pas, mais c’est dur à tenir, jour et nuit, semaine après semaine. Notre être entier est au service de cette petite créature, ce petit bout de soi, qui, même une fois séparé physiquement, reste une partie de nous… Le corps et la tête de la maman continuent à appartenir à son bébé. Elle lui voue toute son énergie, physique et mentale.
Tel un sportif de haut niveau qui organise sa vie en fonction des objectifs fixés par son coach et ne fait pas de pause par crainte de contre-performance, les parents sont contraints à une course physique sans fin, par leur adorable baby-coach. Jour, nuit, semaine, week-end, jour férié, ils se lèvent tôt, après une nuit souvent trop courte et s’affairent sans pause. Les repas, les courses, l’habillement, le ménage, les jeux, l’aménagement de la maison. Tout tourne autour de bébé. Tel « baby-boss », c’est lui qui impose un nouveau rythme.
Les parents qui me disent que leur enfant a fait ses nuits au bout de trois semaines, qu’ils le couche à 20h et le lèvent à 8h, qu’il mange et fait la sieste à heure fixe, etc., me font bien rire ! C’est comme un sportif qui prétendrait au haut niveau en choisissant les horaires et les jours d’entraînement, en fonction de ses envies…
En tous cas, je ne sais pas comment des femmes n’arrivent pas à perdre leurs kilos de grossesse. Une fois le bébé là, une mère consomme des centaines de kcalories supplémentaires chaque jour ! Et souvent, elle a du mal à trouver ce moment pour manger. Sa tête étant entièrement occupée par les besoins de son bébé, sa propre faim passe au second plan. Du moins, ce fut mon cas. Je mangeais par besoin, par urgence, mon corps arrivant dans le rouge au niveau énergétique. L’allaitement pompe encore un peu plus d’énergie !
Du coup, cela demande une endurance que rien ne m’avait demandé à ce point, avant. Pourtant, j’ai fait une classe préparatoire et des saisons comme ATE. La fatigue nerveuse et physique, je l’ai affronté d’autres fois dans ma vie. Mais il y avait des pauses, au moins la nuit !
Alors qu’avec un bébé, les pauses, c’est quand il dort ! L’idéal est alors de dormir aussi. Mais souvent, ce n’est pas possible, le devoir nous appelle. Le travail extérieur. Ou alors les tâches qu’on ne peut pas faire quand le bébé est réveillé : la cuisine, le ménage, la paperasse administrative… Ainsi, futurs parents, reposez-vous bien avant l’arrivée du bébé. Dormez, « vitaminez »-vous, prenez même quelques kilos d’avance ou préparez-vous de bons petits plats à congeler. Car une fois que le départ est donné, le marathon est long, les pauses rares et toujours trop courtes ! Vous allez tirer sur la corde. Vos épaules et vos trapèzes vont durcir, vos cuisses s’affiner, votre dos…souffrir !
Je ne dis pas tout cela pour me plaindre. C’est juste un constat. Un bébé, avec tout le bonheur qu’il apporte à côté, peut être comparé à un sport exigeant, physiquement et mentalement. Ainsi je déclare haut et fort que : « la parentalité est un sport de haut niveau ! ».
Elle contraint, de surcroît, à limiter la pratique d’autres sports en parallèle, sous peine de burn-out physique !!!
Un voyage en terre inconnue…
Quand on attend son premier enfant, on rêve de ce que sera la vie avec lui. Comment se l’imaginer de façon réaliste, cependant ? Voir comment vivent d’autres couples avec enfants ? Mais ce sont d’autres personnes et ce sont leurs enfants… Ecouter des témoignages de jeunes mamans ? Les situations sont si différentes les unes des autres… Cela ne sert pas à grand chose non plus.
Non, il faut attendre de voir, de le vivre, de rencontrer cette nouvelle personne qui rentre à jamais dans nos vies, comme jamais personne ne l’avait fait avant. C’est la seule façon de l’aborder sereinement. Avec un bébé, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas, malgré la succession inévitable des couches, tétées, dodos, couches, bibis, dodos, puis jeux, dodos, repas, etc.
Un enfant, c’est une aventure permanente.
C’est comme si, avant sa naissance, vous étiez sur la terre ferme, dans un pays connu depuis l’enfance. Et soudain, vous décidez de prendre un bateau pour aller à l’autre bout du monde, mais sans rien savoir de précis sur votre destination. Vous découvrez de nouveaux paysages, de nouvelles contrées, un nouveau ciel, chaque jour…
Le pays que vous avez quitté ? Vous ne pouvez plus y revenir ou alors dans très longtemps, lorsque les enfants seront très, très grands et quitteront le nid. Une génération aura passé… Et comme tous les pays que l’on retrouve après bien des années d’absence, il ne sera plus du tout celui que vous aviez connu, avant votre exil…
Revenons à ce voyage. Comme tous les voyage, vous allez découvrir de nouveaux lieux (maternité, cabinet de sage femme, domicile d’assistantes maternelles ou crèches…) et de nouvelles personnes (sage-femme, nounou, pédiatre…).
Mais surtout, vous allez vous découvrir vous-même ! Vous allez découvrir de nouvelles facettes de vous que vous ne connaissiez pas et ne soupçonniez même pas ! Car un voyage vers l’inconnu, c’est le plus beau voyage vers soi. Un enfant vous apprend que vous avez en vous de multiples capacités non exploitées, encore… Il vous fait vous interroger, puiser en vous, comme personne d’autre encore avant. Vous cherchez le meilleur, en vous, pour lui. Mais pour vous aussi ! Car un enfant permet de révéler l’humanité profonde que vous avez en vous, que chacun a en soi… Sans humanité, sans amour, on n’élève pas un enfant. C’est le plus important, la base… Et parfois, on ne l’utilisait pas assez dans sa vie d’avant. Mais avec un bébé, c’est indispensable : c’est le terreau dans lequel il peut croitre et s’épanouir…
Tout comme un voyage dans des contrées pauvres, primitives, rend meilleur, humble et plus humain, un bébé, avec son côté naïf, si primitif aussi, vous ramène aux origines de l’humanité. L’instinctif, raisonné cependant par la sagesse, prend le dessus.
On n’a plus nos repères habituels sur lesquels s’appuyer, se rassurer, se protéger. On avance sans artifice, sans armure, à nu. Un bébé vous met à nu.
Mais cette nudité est une force. Car elle permet de s’ancrer à nos racines. On ne s’accroche plus à des étoiles illusoires. On est solidement attaché aux racines, à ses racines internes. Celles qui nous permettent de tenir debout où que l’on soit, en Amérique du Sud, comme en Mongolie ou encore en Equateur ou en Afrique !
Tout voyageur vit cette même expérience. En se mettant en danger, loin de ses repères et de sa zone de confort, il se renforce et découvre qui il est vraiment.
Un enfant est un voyage qui ouvre les yeux sur soi, mais également sur les autres et sur la vie entière.
Conclusion
Etre parents ? C’est un peu comme partir pour Compostelle. Il faut s’y préparer. Mais on ne pourra jamais s’y préparer vraiment…
Tout ce qu’on sait c’est qu’il faut une bonne santé, de bonnes chaussures, un dos costaud et des épaules solides, un esprit vif, éveillé et pragmatique, un sac bien rempli, mais intelligemment, pas trop lourd… Des biens matériels on ne pourra garder que le nécessaire, l’indispensable à la VIE.
Et puis, on a besoin d’une bonne étoile qui montre le chemin et veille sur nous… STELLA… Et de belles rencontres qui donnent un sens à ce pèlerinage.
Car donner la vie et élever un enfant, c’est un peu un pèlerinage. On donne beaucoup de soi, mais on reçoit au centuple… Même si c’est inconscient, c’est pour cela qu’on le fait… Non ?
Je suis tellement heureuse d’avoir la chance de faire ce pèlerinage…aux côtés de mon petit ange <3