(écrit le 22 juillet 2019, corrigé le 26 décembre 2019)
Introduction
« Titre étrange », me direz-vous… « Depuis quand un bébé protège-t-il sa mère ? Alors que, dans l’ordre des choses, c’est à elle de le protéger ! »
Je vais vous l’expliquer en quelques lignes. En résumé : Angelo m’aide à me mettre et à rester dans ma bulle, ce cocon protecteur dont j’ai besoin. Et ce, depuis sa conception. Et en dehors de sa volonté consciente.
Déjà pendant la grossesse…
J’ai enfin appris à me préserver, à prendre soin de moi, à ne pas forcer. Ce ne fut pas facile, mon mental était souvent frustré, voir totalement bâillonné. Mais la VIE l’exigeait. A ce moment là, Angelo commençait déjà à passer avant bien d’autres choses dans ma vie. J’ai appris à demander de l’aide au lieu de forcer et de me faire mal (et de lui faire mal par la même occasion). J’ai appris à dire « NON » quand je ne pouvais pas, physiquement ou psychologiquement.
La fatigue immense dans laquelle me plongea ma grossesse était là pour ça. Pour que je lâche prise sur ce qui n’était pas réellement important, indispensable. Et pour que je me concentre enfin sur ce l’essentiel : la vie, l’amour. Aimer et faire grandir… J’ai appris cela pendant ma grossesse.
J’ai aussi expérimenté le REPOS, mot absent de mon dictionnaire ! Angelo m’y forçait. J’ai bien eu envie de lutter au début, mais il eut raison de moi. J’avais sommeil, une impérieuse envie de dormir, si forte, si profonde, si constante, que rien ne servait de lutter. Elle était tout bonnement IRRÉPRESSIBLE !
Ainsi, encore embryon, puis fœtus, Angelo m’a protégé de moi, de mon mental, de mon ego, qui exigeaient toujours plus, une hyperactivité épuisante et rarement satisfaisante.
Il m’a protégé, du coup aussi, des sollicitations extérieures que j’avais souvent mises en place moi-même et que je me devais, de fait, d’honorer. Tout ce qui n’était pas vital (travail « alimentaire ») ou reposant (rencontres amicales qui font du bien), je l’ai simplement zappé, squeezé de ma vie ! Angelo, dans mon ventre, sa santé, à travers la mienne, passaient avant ces contraintes devenues bien futiles…au regard du miracle que je vivais à chaque instant.
Après sa naissance…
Il a aujourd’hui 18 mois (à l’heure où j’écris le premier jet de ce texte), mais sa présence et ses besoins irrépressibles me protègent et me garantissent un isolement et une tranquillité dont j’ai un besoin vital.
« Comment cela ? » me demanderez-vous sans doute. « Un enfant en bas âge, c’est de l’esclavage ! Plus une minute à soi ! Plus le temps de dormir, de manger, de se doucher, de prendre soin de soi, ni même d’aller aux toilettes ! »
C’est vrai, il y a des moments où un enfant vous pompe beaucoup. Mais je vois cela comme une aliénation nécessaire à la construction de ce lien unique, bien qu’universel, si fort, si pérenne, bien que si fragile aussi, qu’est le lien parent-enfant. En faisant l’expérience du sacrifice, du don de soi, le parent prend toute la mesure de l’immensité de l’amour qu’il a pour son enfant.
Paradoxalement, la protection dont je parle est liée à cet « esclavage » qu’impose le jeune enfant à ses parents et plus particulièrement à sa mère.
L’esclavage devient petit à petit organisé, « timé ». Je me suis retrouvée forcée de rester beaucoup à la maison et à calculer précisément les horaires de sorties et de rendez-vous en fonction des tétées, repas, siestes, dodos, etc. Inexorablement, les sorties extérieures se réduisirent au strict minimum.
Du coup, plus besoin de mendier des moments de solitude pour me recharger en énergie, besoin quotidien dû à mon hypersensibilité… Tellement peu de gens comprennent cette nécessité absolue pour mon équilibre et même ma survie ! Désormais je peux dire : « Non, je dois rester à la maison, c’est l’heure de ci, de ça…, pour Angelo.» Plus besoin de me forcer à faire des choses dont je n’ai absolument pas envie !
Et si des gens proposent de passer me voir (en toute amitié), alors que je préfère être tranquille à écrire, lire ou faire ce que j’ai envie et besoin de faire pour MOI, je leur dit que c’est trop compliqué…à cause d’Angelo ;-).
Par exemple, à partir de 4 mois environ, Angelo ne pouvait pas téter s’il n’était pas dans un lieu calme, à la maison de préférence, et qu’avec moi. Puis, quelques mois plus tard, lors de ses repas, il était facilement distrait en présence d’un public. Quant aux dodos, autant les 3-4 premiers mois, il dormait partout, dans son transat, ou dans le cosy de la voiture. Autant après, il avait besoin de calme, de ses doudous et de son chez lui. Et d’une énergie légère. Or une autre maison ou du monde dans la maison, c’était une autre énergie plus dense, donc non propice au sommeil (et surtout à l’endormissement) paisible.
Bientôt, j’exigeais d’être seule (ou avec son Papa) pour le faire manger et dormir. Cela laissait peu de créneaux pour sortir ou avoir des visites. D’autant que jusqu’à presque 1 an, il faisait trois siestes par jour (matinée, après-midi et soirée) ! Puis plus que deux jusqu’à 18 mois (plus de sieste du soir). Mais le soir, du coup, le rituel « bain-dîner-bibi-dodo » commençait au plus tard à 19h. Autant vous dire qu’avec le goûter qui se terminait au mieux à 17h, il restait peu de temps pour faire d’autres choses !
Et puis, le fait d’avoir des rituels assez stricts, mais indispensables au bien-être d’Angelo, me font vivre avec la montre même les jours de vacances, quand je ne travaille pas à l’extérieur. Des horaires à respecter 7 jours sur 7, du matin au soir… Alors mettre en plus des rendez-vous et des visites dans les seuls petits créneaux tranquilles de la journée, ben non, souvent je n’en avais simplement pas envie ! Angelo me donne cette liberté !
Même lorsque je vais chez mes parents et qu’il y a de la famille, je vis au rythme d’Angelo. Je dors avec lui ou me mets dans la pièce à côté, pour ne pas le déranger et j’en profite pour me poser, faire des choses calmes, me reposer… C’est tellement intense quand il est réveillé que j’ai besoin de recharger mes batteries quand il recharge les siennes. C’est ça aussi pour moi être une bonne mère. Tout faire pour être en forme pour mon enfant, car il passe au premier plan.
Ma famille m’a beaucoup reproché de ne pas me voir plus quand Angelo dormait. De ne mas me voir SANS LUI, au calme, pour converser comme avant. Ben justement, maintenant, ce n’est plus comme avant. Il est là et me donne ces moments de repos et un bon « prétexte » pour les défendre, les garder…
Bilan, conclusion
Grâce à ces moments de calme, que j’ai appris à savourer, je peux continuer à écrire, même depuis sa naissance. Différemment d’avant. Par petites touches journalières au lieu de le faire d’un bloc pendant les vacances au rythme de 8h par jour. Mais cela me plaît davantage. Je sature moins. Je suis plus efficace.
Merci mon ange de me protéger, ainsi, des stimulations toxiques pour moi. Merci de me permettre de me ressourcer, à tes côtés, et de continuer à me connecter à une autre dimension par l’écriture, pendant que toi, tu t’y rends, dans le sommeil. Je t’aime très fort, mon petit Angelo <3.